AgriTech : La Réunion sera-t-elle au cœur de la 3e révolution agricole ?

L’AgriTech désigne le secteur d’activité dont l’objectif est d’adapter les technologies innovantes à l’agriculture, afin de gagner en confort, productivité et rentabilité. Les entreprises de ce secteur sont en plein boom. Les investissements, au niveau mondial, ont explosé pour atteindre près de 200 milliards de dollars en dix ans, dont 50 uniquement pour l’année 2021. En octobre dernier, le gouvernement a annoncé la création d’une enveloppe de 2,3 milliards d’euros dédiée à soutenir l’AgriTech française. L’objectif annoncé est de faire émerger 10 licornes françaises d’ici à 2030.

En métropole, de nombreux incubateurs agricoles ont été créés ces dernières années. Le principe est de permettre à des start-ups de pouvoir tester leur innovation dans un cadre juridique et matériel sécurisé, sur un lieu dédié où se créent des synergies. Aujourd’hui, un grand nombre de start-ups sont déjà valorisées plusieurs millions d’euros, comme Agriconomie qui est devenu en quelques années le site marchand de référence du secteur agricole. Au cours de l’année 2020, l’entreprise Ynsect qui développe des compléments alimentaires à base d’insectes a même atteint le stade de licorne en étant valorisé plus de 1 milliard d’euros.

A La Réunion, le secteur de l’AgriTech peine encore à se développer, mais certaines entreprises émergent et ont un potentiel considérable. Nous pouvons citer l’entreprise Garden Island qui exporte des plants vivants de vanille ou CBR (Cannabinoïd Bourbon Research), labora­toire de R&D dédié au travail du chanvre en milieu tropical qui est approché par de nombreux fonds d’investissements internationaux.

La richesse de son climat, ses nombreux laboratoires de recherche et son vivier d’entrepreneurs innovants font de La Réunion un candidat majeur pour devenir le hub insulaire et tropical du secteur de l’AgriTech. Mais pour que cela advienne, il faudra développer de nouvelles filières agricoles avec une volonté forte et conjointe des politiques, des financiers, du monde agricole et des acteurs de l’innovation de notre territoire.

Rémi Voluer, Président du Groupe Phelen et de l’agence digitale Seyes, délégué outremer CINOV Numérique

Le RGPD, bien plus qu’une obligation légale

Le Règlement Général sur la Protection des Données est une mesure ayant vocation à redonner aux citoyens le contrôle de leurs données personnelles, tout en uniformisant l’environnement réglementaire des entreprises. Celui-ci touche la quasi-totalité des organisations. Une entreprise est déjà concernée si elle recueille des CV, tient une liste de ses clients, ou reçoit des données de la part d’un prestataire.

Le RGPD est un règlement de l’Union Européenne adopté en 2016 puis transposé dans la loi française du 20 juin 2018. La CNIL est l’organe qui contrôle son application au sein des entreprises, des associations et des collectivités publiques. Si des manquements significatifs sont avérés, la CNIL peut prononcer des sanctions comme la suspension de flux de données ou des amendes administratives.

Selon une étude de 2021 réalisée par Data Legal Drive et l’AFJE (l’Association française des juristes d’entreprise), la moitié des organisations ont un bon niveau de conformité RGPD, 64 % ont déjà réalisé des audits et 60 % ont formé leurs salariés aux bonnes pratiques à respecter.

La mise en conformité RGPD n’est pas uniquement un enjeu légal. Celle-ci permet une meilleure gestion des données, une amélioration de la cybersécurité, et un renforcement du lien de confiance entre l’entreprises et ses clients ainsi que ses salariés.

Pour se mettre en conformité deux solutions sont possibles. La première consiste à le faire soi-même. Cela suppose de lire les textes de loi relatifs à la protection des données personnelles, de lister et caractériser les données que l’on collecte, et enfin de suivre les démarches proposées par la CNIL à commencer par la rédaction d’un Registre des Données Personnelles. La deuxième solution est plus confortable : elle consiste à faire appel à un cabinet d’audit spécialisé qui fera un état de lieu de la structure, une cartographie des traitements de données et fournira le plan d’actions à mettre en place pour se mettre en conformité.

Rémi Voluer, Président du Groupe Phelen et de l’agence digitale Seyes, délégué outremer CINOV Numérique

Smartcity : pour une île résiliente, agile et intelligente

Une Smartcity est une ville utilisant les technologies de l’information et de la communication pour améliorer la qualité des services urbains, réduire leur coût et leur impact environnemental. Elle est notamment caractérisée par quatre éléments.

Des infrastructures communicantes

Les habitations s’interconnectent entre elles mais également avec les habitants, le quartier et la ville au sens large pour construire un écosystème adaptatif. La connectivité de ces bâtiments permet de mettre en œuvre : l’amélioration de la performance énergétique, une sécurité renforcée, l’anticipation des besoins de rénovation ainsi qu’une meilleure connaissance des flux et des usages.

Des collectivités participatives et proactives

Les collectivités s’ouvrent pour donner la parole aux citoyens, leur conférer davantage de pouvoir, allant du simple signalement de problèmes à la participation aux décisions des élus, en passant par l’accès simplifié aux services de la ville, ou l’entraide entre habitants. Ce nouveau management de la ville, couplé à une vision globale en temps réel, permet aux collectivités d’avoir une meilleure visibilité et facilite la priorisation, la prise de décision et l’action ciblée.

Une mobilité optimisée

En réponse au problème d’urbanisation importante les enjeux-clés pour la mobilité urbaine sont de fluidifier les déplacements, faciliter l’orientation dans la ville, rendre plus accessibles les transports en commun et requalifier les quartiers afin d’améliorer les desserves.

Des villes conscientes de leur environnement

Qu’il s’agisse d’éclairage intelligent, de collecte de déchets repensée, de gestion énergétique de protection de l’eau ou de l’air : les villes se dotent d’outils pour piloter, réutiliser, optimiser les ressources vitales.

Enfin, l’enjeu principal est transverse : mettre l’humain au cœur la démarche. Une ville connectée et intelligente ne doit pas être technocentrée, mais accessible, proche des besoins et usages de ses citoyens. Les collectivités tentent trop souvent de trouver des solutions « clé en main » et « brique par brique ». Elles n’existent pas, car chaque territoire, avec ses spécificités et son organisation, est unique. Chaque problématique est interdépendante. Les bonnes actions et les meilleures procédures se décident de manière incrémentale, par l’expérimentation.

De fait, les expériences réussies montrent que les collectivités doivent avant tout se doter des outils et des équipes internes pour créer, expérimenter et faire vivre des outils numériques qui leur sont propres. C’est par cette appropriation du numérique comme un outil accessible, transverse, qui facilite la relation entre le citoyen et l’administration qu’une collectivité devient réellement « smart ».

Rémi Voluer, Président du Groupe Phelen et de l’agence digitale Seyes, délégué outremer CINOV Numérique

Un premier pas timide des grands acteurs du commerce réunionnais sur le e-commerce

Les grands acteurs du commerce à La Réunion comprennent de mieux en mieux l’importance la vente en ligne. S’ils ont pour la plupart une présence sur internet, peu se sont dotés d’une plateforme digitale à la mesure de leur organisation.

L’appétence des réunionnais pour le e-commerce : 8 internautes sur 10 achètent en ligne, soit près de 480 000 personnes (Médiamétrie 2018). La crise sanitaire a nettement accéléré le développement de ce canal de vente, et aujourd’hui, La Réunion compte plus de 1000 sites de vente en ligne.

Malgré cela, pour la plupart des acteurs historiques, le e-commerce n’est pas encore un vecteur CA substantiel.

Beaucoup d’acteurs prennent le problème à l’envers, en investissant à minima dans un site aux catalogues, services et ressources humaines limitées « pour voir ». Ces moyens sont dérisoires comparés aux enjeux : quand un groupe ouvre une nouvelle boutique physique, il peut investir plusieurs centaines de milliers d’euros. Le e-commerce n’échappe pas au principe de réalité et si l’on veut y voir les ventes décoller, il est nécessaire d’y mettre les moyens.

Mais surtout, le e-commerce ne se limite pas à la vente en ligne : c’est avant tout la dématérialisation et l’automatisation de votre chaîne de valeur : logistique, stocks, livraison, finances, gestion des historiques clients (CRM), du catalogue produit (PIM)…

Et il n’y a pas de formule clé-en-main : chaque métier et chaque organisation sont uniques. On n’achète et on ne livre de la même manière un frigo, un panier de course, un livre ou une automobile !

Tant que vous n’aurez pas digitalisé ces processus, votre site e-commerce sera une charge, avec des processus spécifiques et coûteux.

Vous n’aurez pas tiré profit d’une transformation digitale qui doit vous faire économiser 10 à 20% de frais de structure, et vous ne pourrez pas préparer sereinement l’avenir.

Comment expliquer un tel décalage du marché ?

Très certainement parce que le digital reste vu comme une fonction support cloisonnée dans un service alors qu’il s’agit d’une manière de travailler qui repense l’ensemble des fonctions de l’entreprise, au profit d’une organisation fluide, efficiente, et dématérialisée.

Remplaçons « digital » par « papier » : une personne de l’informatique ou du marketing doit-elle être en charge de repenser tous les « papiers » de l’entreprise ?

Les CODIR doivent se faire accompagner par des AMOA transverses en mesure de comprendre les processus-métier et d’accompagner une stratégie de transformation sur plusieurs années. Il n’y a qu’avec cette approche que, demain, les acteurs du commerce réunionnais pourront lutter à arme égales contre une concurrence mondiale.

Rémi Voluer, Président du Groupe Phelen et de l’agence digitale Seyes, délégué outremer CINOV Numérique